lundi 5 mai 2014

103.1 FM la voix de la cité au coeur de Muheto



Tumaini Célestin jeune mécanicien à Muheto Crédit photo: Ley Uwera

Créer une radio dans un camp des déplacés de guerre ? C’est l’idée qu’a eu Tumaini, un jeune que j’ai rencontré par hasard lors d’une visite à Muheto. Muheto est une petite bourgade située à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Goma, en territoire de Masisi. Sur la petite colline surplombant la cité se trouve un camp de fortune. Le campement abrite des déplacés de guerre. Cinq mille ménages au moins y sont cantonnés.  La plupart ont fui les combats entre les milices de l’Alliance des patriotes congolais pour un Congo libre et souverain et les forces loyalistes congolaises. 

Il est midi trente lorsque j’arrive dans le centre de Muheto. On grimpe péniblement une des collines de la cité. Soudain, une grosse pluie éclate. Avec le sol détrempé, l’ascension devient plus difficile. Après quelques enjambées, nous atteignons enfin le sommet de la colline, où sont installés les déplacés

Les conditions de vie sont épouvantables dans la plupart des sites d'hébergement de personnes déplacées, qui sont en majorité des femmes et des enfants.  Les déplacés dorment en plein air, sous la pluie. 

La surprise

A quelques mètres du camp, je fais une rencontre improbable : un jeune homme en T-shirt noir et pantalon bleu marine. Il s’est improvisé animateur radio. Une petite hutte en toit de chaume couvert par une bâche.  Au sommet, une antenne pointe timidement de la cabane. C’est la « radio » de notre animateur. La station couvre  le camp et une partie du centre de Muheto.  L’équipement est basique : sous l’amas de bricolage, on devine à peine l’émetteur sommaire relié à un fil électrique accroché à un arbre.

L’aventure

Notre animateur s’appelle Tumaini (Espoir). Il a une vingtaine d’années. Il a les yeux marron. Tumaini a fui les combats qui opposent l’armée congolaise aux rebelles de l’APCLS (l’alliance des patriotes congolais pour un Congo libre et souverain aux forces congolaise). Avant de rejoindre ce camp, il vivait à Kibarizo, son village natal. 
 
Tumaini, qui n’a jamais fait d’études de journalisme, a eu l’idée de crée une radio  au sein même du camp.  C’est juste un bricoleur né, un touche-à-tout. Cela fait sept années qu’il pratique ce travail de « mécanicien ». Tumaini n’a pas fait  des longues études. C’est en deuxième année post primaire qu’il a arrêté ses études, préférant être bricoleur. 
  
La 103.1 Fm, radio ya Waangaishi (la radio des personnes tourmentées)

La petite radio  est tenue par quatre autres jeunes déplacés qui gardent l’antenne. Le récepteur n’a pas de programmes ou d’émissions particulières. Elle  est cent pourcent musicale. « Nous avons besoin de la musique pour oublier un peu nos problèmes  et détendre nos nerfs. Cela nous aide à surmonter ces douleurs.  Ne dit-on pas que la musique adoucit les mœurs ? » 

Les autres déplacés payent, de manière spontanée,  cinq cent francs  Congolais (50 centimes d’euros)  pour faire passer  les dédicaces  ou leurs communiqués. Une manière pour eux de contribuer  à cet outil qui crée du lien dans leur communauté.


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